[RP] A la découverte du Berry

Daniel a écrit:Le 22 Juin 1655


Après deux jours passés en la ville de Sancerre et ses environs proches, je décide de pousser un peu plus loin mes investigations pour découvrir ces nouvelles terres d'asile, qui pour nous tous émigrants, sont devenues salutaires.

Un voyage s'impose, ne serait-ce déjà, pour visiter la capital de ce Duché, Bourges, ville grandiose et réputée, où d'ailleurs une bonne partie des réfugiés se sont rendus.

Loin de moi l'idée de faire le parcours d'un pas pressé, il n'y a pas urgence.

Ma musette en bandoulière, nanti du strict nécessaire, je pense qu'elle aura bien l'occasion de se remplir durant l'expédition. Je prends donc le temps de baguenauder, musarder ça et là, m'arrêtant dans les petits bourgs dès que j'en aperçois un.

La rencontre avec les habitants risque d'être très instructive, si j'arrive à leur faire bonne impression, et de ce fait, leur délier les langues. Et puis allez savoir, l'une d'elle peut même s'avérer très savoureuse...

Daniel a écrit:Nanti de ma précieuse carte, qui m'a valu entre nous une petite fortune et beaucoup de recherche à mon départ de Bretagne, je la consulte un instant pour me remémorer le tracé que j'y ai apposé la veille, espérant durant mon périple passer par les Ails d'Augilon, et prend donc la direction de la première étape, celle de Verdigny.
C'est un petit canton principalement vinicole, que j'ai pu déjà approcher la veille au soir, lors de mon retour de Beaujeu. M'étant promis de m'y attarder à l'occasion de mes futurs déplacements des jours prochains, je choisi donc de commencer ma route à destination finale de Bourges, par ce bourg peu habité certes, mais riche de son incroyable connaissance des vignes, d'après ce que j'ai pu ouï dire, depuis mon arrivée.

Sis à l'ouest de Sancerre à moins d'une lieue et demi, je parviens aux abords des premières bâtisses du hameau stoppant à hauteur du calvaire en moins d'une heure, ayant pris les chemins via le vignoble de la Perrière, et me retourne une fois mon but atteint, pour en admirer le paysage.

Sancerre maintenant au loin sur la colline se détache majestueux de ce panorama baigné de vallées vinicoles verdoyantes en cette saison. Il me tarde maintenant de rencontrer les habitants, afin de lier rapidement connaissance, et qui sait peut-être, y trouver une franche et belle amitié.

Gwenaelle a écrit:Je suis épuisée et n'en puis plus. Dur d'être une femme, si jeune et veuve de surcroit. D'avoir tant de tâches à accomplir dans la journée, outre le travail en atelier qui est mien, mais aussi celles ménagères. il me faut faire face chaque jour que Dieu fait, aux travaux vinicoles sur les terres de mon mari défunt, mon amour d'enfance, l'être envers lequel mes pensées ne se détournent jamais, Fabien.

Cruel destin qu'est le mien, de perdre si tôt mon jeune époux, alors que le mariage venait le jour même de se faire, et n'en fut même pas consommé.

Cela fait maintenant neuf mois, qu'il est parti, et cinq où j'ai reçu la lettre m'annonçant sa mort, soi disant en héros. Ma vie depuis ce jour, est devenue bien insipide et triste. Comme par malchance nos parents respectifs n'étaient plus de ce monde depuis bien longtemps. Les uns l'ayant quitté très tôt, dès la fin de son adolescence, quant aux miens ma mère décédant il y a deux ans d'un mal peu connu, mon père ne pu supporter son absence plus longtemps, et mourût l'année suivante, un sourire sur son visage. Heureux je pense de la retrouver enfin. C'est ce jour là que nous avons décidé Fabien et moi de nous unir, mais la vie n'en a pas voulu ainsi.

Financièrement c'est très dur, et j'ai du mal à joindre les deux bouts. Serpette en main, taillant les sarments, mes pensées voyagent entre mes doux souvenirs de lui et mes soucis d'aujourd'hui. Voilà depuis l'aube que j'y suis, et la faim me taraude. Outil en main, je remonte le coteau, longeant les longues rangées de ceps de vignes, perpendiculaires au chemin, pour rejoindre la maison de ses parents en haut du hameau, juste après le calvaire.

C'est là que je m'arrête brusquement, apeurée. Un individu est là, immobile le regard tourné vers l'horizon, en direction de Sancerre. Ma main se crispe machinalement sur le manche de ma serpette, prête à me défendre face à cet étranger qui me tourne le dos.

Qui est-il ? Que vient-il faire ici ? Je suis seule...

Je sais qu'une exode est en marche, mais là l'homme est seul.

Ne bouge pas !

Enfuis-toi !

Il est armé... la pointe d'un fourreau d'épée dépasse le long de sa jambe gauche.

Je commence à paniquer, ne sachant que faire, et plus je panique, plus je sens ma main armée se raidir, mon autre poing se serrer, mes jambes se mettent à trembler.
Mais ce n'est rien comparé à mon cœur battant la chamade en ma poitrine, mon souffle qui se raccourci en ampleur, à l'inverse de son rythme effréné. J'ai l'impression que tout en moi va exploser.
Je commence à suffoquer... je me sens mal, il faut que je réagisse.
Vite...!

Daniel a écrit:Je suis là contemplatif devant ce paysage, un vent frais et léger me caressant de face le visage, mes cheveux lâchés ondulant au gré de son souffle, sans me soucier plus de ce qui se passe alentours. Rêveur inné, amoureux invétéré et secret des belles choses, nostalgique d'un bonheur malheureusement perdu, mais en cet instant sous le charme indéfinissable de cette région.

Je suis obligé de me raisonner intérieurement, m'ordonnant d'abaisser mes paupières pour quitter cette vision enchanteresse, afin de poursuivre mon voyage. Baissant les yeux, je fais donc demi-tour, pivotant sur mes talons.

Diantre ! Quelqu'un...! Et à pas plus de trois pas.

Me voilà refait si c'est un malandrin...

Un réflexe naturel m'amène dans un sursaut à porter ma dextre sur la garde de mon épée pour me défendre, et la saisie.
Sauf que mon geste s'arrête net, réalisant que ce n'est qu'une femme apeurée devant moi.
Certes elle est armée..., de surcroit très belle, mais armée..., et plus terrifiée que dangereuse à mon avis.

Quel crétin je fais !!!

Je n'ai rien entendu, du fait de n'avoir respecté les règles primordiales de tout bon soldat, lors de manœuvres.
Toujours rester aux aguets, et ne pas se mettre face au vent, mais de trois quart pour surveiller via son ouïe ses arrières.
Trop confiant surement je suis, trop sur de moi, dans une contrée qui m'est encore en grande partie étrangère, et qui peut à tout moment se révéler hostile. J'aurai pu bêtement y rester.

Il me faut au plus vite la rassurer, avant qu'elle ne soit plus maîtresse de ses actes.

-Whouooohhh làaaa, doucement... !!! N'ayez aucune crainte, je ne vous veux point de mal.

Je lâche de suite le pommeau de mon épée, écartant les bras en guise d'apaisement, de factuelle soumission, et lui montre en évidence pour preuve, mes mains désarmées et grandes ouvertes. J'espère maintenant que la panique ne l'a pas gagné en totalité, car si c'est le cas, je peux m'attendre au pire...

Gwenaelle a écrit:Mon Dieu il se retourne...

Vite, vite... Bouge !
Oh non, je le vois qui va dégainer son épée, mais je suis comme paralysée. Tout s'accélère en moi, mes pensées bouillonnent, m'assaillent de toutes parts, il me faut réagir.

J'ai heureusement un léger avantage sur lui, ne m'ayant pas décelé plus tôt. Il faut absolument que je le mette à profit. C'est peut-être mon unique chance. Tant pis, je me lance...

Tout va très vite alors. Volontaire, dans un ultime effort, je parviens à me sortir de ma torpeur, et me rue sur lui.

Daniel a écrit:-Whouooohhh làaaa, doucement... !!! N’ayez aucune crainte, je ne vous veux point de mal.

Qu'est-ce qu'il vient de dire ? Je n'ai dans ma fureur, entendu que la moitié de ses propos...

Mais que fait-il ? Il vient de lâcher son arme, il écarte les bras...??!!

Trop tard, je suis déjà sur lui. Mon bras machinalement se rabat, et la lame de ma serpette le frôle, rasant la joue de son visage sur sa gauche. Il s'en est fallu de peu. Mais mon élan m'emporte, et le choc est inévitable, et assez violent... Je crois que mon genoux l'a heurté, car il me fait mal.

Daniel a écrit:Ce que je viens de craindre arrive pourtant.

La panique l'a emporté, et se sentant menacée, son instinct de survie a pris le dessus.
Il ne manquait plus que ça !

Elle est déjà trop près, et donc se jette sur moi, arme brandie.

Je n'ai que le temps d'amorcer un geste sur ma droite, pour esquiver la lame de son outil, qui passe à deux doigts de mon visage.
A croire qu'elle veut me raser de près.

Quant au reste...

Je la prends malheureusement de plein fouet, et pas forcément au bon endroit. Mais encore eut-il fallu avoir la possibilité de choisir.
Le choc magistral m'arrache un cri gutturale plus ou moins étouffé, qui fini par mourir doucement en moi, tellement j'en ai le souffle coupé.

- Ouuchhh....!

C'est à un tel point, que je m'écroule lamentablement au sol, plié en deux, me tenant manu-médicalement l'entre-jambes, avec l'espoir d'une rémission rapide et donc miraculeuse.
La douleur est si intense que je reste couché sur le sol une bonne minute avant de récupérer.
Et encore, j'ai de la chance, ayant gardé ma coque de l'armée (sorte de coquille à lacets que l'on noue pour son maintien, en cuir épais doublé et rivets métalliques), le mal est moindre.

Je ne sais réellement en cet instant avec quoi elle m'a atteint la virilité. Mais je ne tarde pas à le deviner, lorsque mes yeux finissent par se ré-ouvrir timidement.

Elle est aussi à terre, essayant avec grand peine de se redresser, car elle se tient l'un de ses genoux meurtri.

Gwenaelle a écrit:Me voilà bien. Le nez à terre me tenant le genou, à peine capable de me relever.

Quelle sotte je fais !

Tournant la tête je jette un regard à l'individu qui par ma faute mord la poussière, alors que ses intentions visiblement n'étaient pas hostiles.

Qui peut-il être ? Et que venait-il faire là après tout ?

A en juger de la manière qu'il est couché sur le flan et de la position de ses mains, je crains d'avoir commis l'irréparable, l'atteignant dans ce qu'il a de plus cher.

J'en serai presque confuse, mais ne peux malgré tout retenir un léger sourire sur mon visage, expression naturelle, trouvant la chose très cocasse. Ses yeux s’entrouvrent alors, et je ne sais pourquoi mon regard plonge dans le sien comme captivé, ne pouvant sur l'instant l'en détacher.

J'y décèle de la bienveillance, une grande bonté, mais surtout pour le cas présent de la souffrance. Le pauvre ! Espérons que je ne l'ai pas amoché à vie.

Qui sait, il pourrait encore servir...? Il n'est pas mal du tout. Bien bâti, d'un charisme certain, presque sauvage, mais un peu trop vieux dirait-on, du moins à mon goût.
J'ai l'impression d'un seul coup de rougir, et fait fi de mes impressions ou déductions, arrachant mon regard du sien.

Inquiète tout de même, je me redresse et claudique vers lui.

- Ça va aller ? Veuillez me pardonner, mais vous voyant là tout seul guettant, j'ai cru...

Qu'est ce j'ai cru d'ailleurs ? Qu'il voulait me dépouiller , Je n'ai rien de valeur sur moi...

Qu'il en veuille à mes atouts féminins ? Hummm, cela m'a l'air d'être plus exacte, mais je ne peux tout de même lui dire cela.

- J'ai cru que vous étiez un brigand..., de la pire espèce !

Ne puis-je m'empêcher de rajouter, n'ayant réussi moi-même à me convaincre.

Son regard me consterne, et me fascine en même temps. Mes yeux plongent de nouveau en eux, essayant d'y découvrir une parcelle de pardon.

Pourvu qu'il me croit.

a écrit:La migration avait enfin atteint sa destination finale le Berry et sa capitale Bourges mais ce n'est pas pour autant que Firenze devait se reposer. Pas encore. Un camp de fortune s'était érigé à la hâte aux portes de Bourges. Dans la débâcle de l'exode certaines familles se retrouver dispersé, une partie des migrants ayant en effet choisi de se rendre sur Sancerre, et d'autres étaient encore sur les routes égarés.

Ce matin là, très tôt, Firenze rassembla quelques soldats pour aller faire une patrouille dans le but de diriger les retardataires vers Bourges et son campement mais aussi voir comment cela se passer pour le détachement de Sancerre. Il décida de se joindre à eux. Dans peu de temps il le savait, il devrait s'effacer au profit de la prévôté pour ce genre de mission mais pour l'instant il entendait bien mener à son terme la mission qui lui avait été assigné au départ de Paris.

Renseignement pris auprès de la population locale Sancerre était atteignable en une journée. Un sourire se dessina sur son visage en pensant à ses enfants confiés aux bons soin de [@]Germaine[/@]. Avec un peu de chance il pourrait passer au moins la soirée avec eux. Enfourchant sa monture il quitta donc le campement avec les cinq hommes choisis.

Même si il était fatigué du voyage, être à l'air libre lui faisait le plus grand bien. Et dire que bientôt il devrait regagner un bureau...

Le groupe s'éloigna de la ville emprunta une des nombreuses voix qui s'offraient à eux. Et ils ne tardèrent pas à rencontrer une charrette en détresse. Un vieil homme entouré de sa fille et enfants se trouvaient à côté d'une charrette renversée à cause d'une roue cassée. Il leur expliqua que cela faisait deux jours, que lui ne pouvait pas marché jusqu'à la ville, que sa fille ne voulait pas le laisser seul avec les enfants, bref une histoire sans fin qui faisait que rien n'avait bougé depuis. Les marmots étaient affamés. Ce fut donc une distribution de pain. C'était tout ce que Firenze pouvait faire pour eux, mais il laissa un homme avec le vieux et en renvoya un autre sur Bourges chercher un artisan pour réparer.

Ils rencontrèrent d'autres gens, les rassurèrent, les assurèrent d'un accueil au campement. Une petite colline apparut devant eux, Sancerre, d'après la description que Firenze avait lu. Soudain, devant eux mais assez loin encore, ils aperçoivent deux personnes à terre. Prudence. Faisant signe à deux soldats de passer bien au large pour le couvrir, Firenze s'avance avec le dernier soldat vers eux.

Gwenaelle a écrit:Je commence à m'en vouloir. Comment expliquer mon geste ?

N'ai-je point été trop hardie à me défendre, vis à vis d'une personne qui n'avait pas vraiment l'air de vouloir attenter à ma vie ou à mes biens ?

Je n'ose l'approcher de trop près encore apeurée, et c'est à quelques coudées, sans qu'il puisse m’appréhender, que je me mets à lui parler.

Pourquoi ne répond il pas ?

Je ne sais que penser, et ma main se resserre machinalement sur la serpette que j'avais lâché.

Je m'en veux, mais ne sais comment lui dire...

Plus je le regarde, et plus l'expression de ses yeux me font penser à Fabien.

J'en suis confuse, et ne sait déjà littéralement parlant, comment l’interpréter, et encore moins au niveau de mes sentiments.

Daniel a écrit:Si je pouvais me foutre des coups de pieds au cul, je le ferai dans l'instant présent.

Qu'est-ce qui m'a pris d'avoir l'esprit aussi rêveur, et contemplatif ?

Mal m'en prend, ça c'est sur. Je suis à terre, ma virilité de mâle, bien mal en point, devant une damoiselle d'à peine vingts printemps à mon avis.

Fier militaire que je fais..."ironique", ravalant mon orgueil en une terre à peine découverte. Quelles sont donc ces créatures qui la peuplent ?

Et qui peuvent d'emblée, avoir raison d'un homme de garnison, certes en exode..., mais quand même ?

Me suis-je donc tant ramolli depuis ces années ?



C'est elle en plus qui arrive à se relever en première, me faisant passer de lamentable, à moins que rien.

Je la vois, elle me parle, je veux lui répondre, mais mes mots restent encore coincés en mon gosier.

Pas le temps d'en discourir, que mes sens maintenant en éveil, m'alerte d'une autre présence mais bien au delà.

Les pas de chevaux..., ils se séparent..., nous encerclent même, puis-je dans un effort de concentration à peine déceler et analyser.


Qu'est donc encore ? Pourquoi tant de haine en un même jour ?

J'en suis là de mes réflexions, sans aucune possibilité de réagir aux évènements.

*Advienne que pourra !*  Me dis-je..., remettant mon sort entre les mains du Seigneur.


Alea jacta est ! (le sort en est jeté) Veni, vedi, et non vici. (je suis venu, j'ai vu, mais je n'ai pas vaincu...)

a écrit:Firenze s'attend à tout par ses temps de trouble. Chemin faisant, il distingue maintenant les deux personnes : un homme et une femme. L'homme est recroquevillé à terre, tandis que la femme est debout et armé d'une serpette. Une agression qui aurait tourné mal ? C'est ce que la scène au premier coup d’œil laisse à penser.

Firenze quitte sa selle et confie les rennes au soldat qui l'accompagne. D'un geste de la main, il fait signe au deux autres de se montrer d'où ils se trouvent. Lui avance à pied vers l'homme et la femme qu'il ne connait pas. Il ouvre un pan de sa cape qui laisse voir la garde de son épée. Inutile de préciser qu'il sait s'en servir et pas que de façon conventionnelle, un héritage de son géniteur.

- Hé là, que se passe-t-il ici ?

Aucun signe d'agressivité dans ses yeux verts, il est cependant prêt à réagir.

Gwenaelle a écrit:*Han ses yeux...* J'ai beau essayer de m'en détacher et de ne plus y penser, je replonge dedans la seconde d'après. J'ai du lui faire vraiment mal, car je le vois faire l'effort d'articuler des mots fantomatiques. Je me concentre, essayant de lire alors sur ses lèvres... et quelles lèvres !!! Oups, je m'égare.

Mais rien n'y fait, je ne suis pas douée dans ce domaine.

C'est alors que l'expression de son visage change, reflétant une certaine inquiétude, et me libérant du même coup de son emprise, car son regard se détourne du mien, scrutant méticuleusement alentours. Qu'a t'il décelé ? Mystère...

Je ne tarde pas à avoir une réponse à ma question, lorsque j'entends retentir derrière moi une voix d'homme.

- Hé là, que se passe-t-il ici ?

Je sursaute apeurée, et du coup chois dans les bras de ma mystérieuse victime.

Que dire... ?

Daniel a écrit:Ils se rapprochent, je les entends.

L'un deux du moins est au plus près, et je commence à distinguer sa silhouette par dessus l'épaule de ma sauvageonne, par intermittences de sa belle chevelure, qui se trouve involontairement bercée au gré du vent, et de ses caprices.

Mes craintes s'estompent d'un coup, lorsque je reconnais l'uniforme qu'il porte, ainsi que la garde particulière et le pommeau de son épée.

Un officier dirait-on... Le Seigneur aurait il entendu mes prières ?

Elle n'a pas l'air de les avoir entendu venir, et sa surprise risque d'être de taille.


- Hé là, que se passe-t-il ici ?


Qu'est ce que je disais... La voilà qui sursaute et me tombe dessus.

- Ummmfff


C'est la goutte d'eau supplémentaire à un déluge déjà bien éprouvant.

Heureusement, j'arrive à amortir sa chute, non seulement par peur qu'elle se blesse, mais aussi et surtout pour préserver ce qu'il peut me rester encore d'intact.

Elle est tout contre moi, et ne bouge plus. Ses craintes se sont retournées, et de danger potentiel, je suis devenu son refuge...

Je sens à travers nos tissus respectifs sa peur, mais aussi la chaleur de son corps, ainsi que le martellement d'un rythme effréné de son palpitant.
Son parfum m'enivre alors les sens, me rappelant celui d'un amour perdu, et me confirme que ma situation n'est pas si désespérée, voir même très enviable sur certains points.


La voix de l'homme est posée, et me met en confiance de suite. Mais il me faut avant tout, maintenant, retrouver l'usage de la parole, pour lui expliquer concrètement l'ironie de la situation, même s'il a pu déjà peut-être, en percevoir le coté comique.

a écrit:Quelle drôle de situation que voilà ! Que faire maintenant ?
Firenze contient difficilement le fou rire qui le guette.
Lui qui ne ferait pas de mal à une mouche sauf en cas de nécessité.
Il regarde la scène amusé.

A sa question il n'obtient qu'un vague grognement.
Comment communiquer dans ce cas ?

A présent qu'il distingue nettement les deux individus il s'aperçoit que l'homme est bien plus agé que lui. Et que la jeune femme est toute jeune. Une bien drôle de paire.
Firenze d'un geste de la main renvoie les deux soldats qui se trouvaient sur les hauteurs à leur mission, quand au dernier il ira l'attendre plus loin le temps qu'il tire au clair cette histoire.
Tirant sa poche sa précieuse fiole de Calva il la tend à l'homme.

- Un petit remontant peut-être ?

Daniel a écrit:Je lutte, et m'efforce..., mais en vain.

C'est alors que l'officier s'approche de nous, après avoir fait signe à ses subalternes de rester en retrait.

Mais au lieu de relever de prime abord par simple galanterie la damoiselle, ce qui me libérerai du même coup, de quelques entraves corporelles des plus charmantes, il me tend un objet sorti de sa poche. Une fiole ?!!!

- Un petit remontant peut-être ?

Proposition pour être remonté... Ce n'est pas de refus, dans tous les sens du terme, surtout que nous sommes deux à terre.

Un hochement de tête en guise d’acquiescement, puis je maintiens alors courtoisement la jeune femme de mon bras droit, et tend le gauche pour saisir le récipient.

Une fois en main, je fais glisser l'opercule qui en bouche l'orifice et m'en verse une bonne rasade dans le gosier.

- Koff...,koff...,koff...!

J'en tousse..., me racle un peu la gorge, mais c'est bon et salvateur. C'est une boisson d'homme et reconnais de suite le breuvage que l'on nomme Calvados. Un bon cru !
Je rebouche la fiole et la tend machinalement à la damoiselle qui reste coi. Me voilà d'attaque l'on dirait.

Les mains maintenant libres, je positionne d'abords mes membres inférieurs pour une bonne assise, je chope ensuite la donzelle sous les bras puis en dessous des cuisses, et nous relève tous les deux dans un magistral effort, pour la déposer délicatement au sol.

Un coup d’œil vers son doux visage, tout en lui souriant avenant.

- Merci à vous ! Je me présente... Daniel de la Ravardière, dict de la Touche... Capitaine de la Marine Royale, ancien Gouverneur de la France équinoxiale, et actuellement en exode en ces terres du Berry, après un départ précipité de Bretagne. Je me suis installé provisoirement à Sancerre, et je partais en exploration des environs, avec intention pour destination finale Bourges, où je souhaitais me présenter aux autorités militaires pour leur signaler ma présence.

- Mais assez parlé de moi... A qui ai-je l'honneur ?

Je regarde tour à tour mes deux protagonistes, et attend de voir qui des deux prendra la parole pour s'annoncer et ainsi se présenter.

Ma curiosité est de mise et il me tarde de la rassasier, notamment et consciemment, envers la damoiselle que je trouve fort jolie, malgré ses instincts de préservations un peu surdéveloppés, qui n'enlèvent rien à ses charmes naturels.

Gwenaelle a écrit:J'en suis là dans des bras étrangers mais rassurants, essayant de reprendre le dessus sur ma peur, et les choses se précipitent, mais se précisent aussi. Le nouveau venu assez jeune, s'avance vers nous sans aucune animosité.
Je m'attends à ce qu'il me tende une main, pour m'aider à me relever, mais il n'en fait rien, me laissant lascive dans ma position burlesque, préférant tendre une fiole à l'homme qui me sert malgré lui d'assise.

- Un petit remontant peut-être ?

J'en suis un peu frustrée, me sentant soudain quantité négligeable. Mais qu'importe, je saurai surmonter ce manque d'égard envers la gente féminine.

Puis soudain tout s'accélère, la fiole acceptée par ma victime lui a redonné du poil de la bête, mais surtout de la voix.

- Koff...,koff...,koff...!

Après une toux sèche et rauque, des borborygmes remontés à juste titre de ses entrailles, il me remet la fiole, pensant surement que j'en ai autant besoin que lui, et d'un coup sans que je n'ai pu dire mot, me soulève fort virilement, pour me reposer avec grande délicatesse. Humm, son regard..., et ce sourire...

Je me mettrai presque à soupirer de soulagement et de plaisir..., enfin un gentilhomme !

- Merci à vous ! Je me présente... Daniel de la Ravardière, dict de la Touche... Capitaine de la Marine Royale, ancien Gouverneur de la France équinoxiale, et actuellement en exode en ces terres du Berry, après un départ précipité de Bretagne. Je me suis installé provisoirement à Sancerre, et je partais en exploration des environs, avec intention pour destination finale Bourges, où je souhaitais me présenter aux autorités militaires pour leur signaler ma présence.

- Mais assez parlé de moi... A qui ai-je l’honneur ?

Quoi ?!!! Qu'entends-je ???? Un militaire ??? Oooh noooon...!

Me voilà bien. Mon esprit s'échauffe, mon cœur présente des signes de faiblesse..., et c'est pour me retrouver devant ce que je redoute le plus, un représentant de cette maudite armée, qui m'a déjà fait perdre mon tendre et défunt époux.
Suis-je donc maudite à ce point pour m'enflammer qu'auprès de ces types hommes qui tôt ou tard s'y rattachent ?

Je m'en vois très déçue, mais aussi avouons le, un peu impressionnée par l'énoncé de mon gentilhomme. Mais ne laissons rien paraître, je ne veux pas passer pour plus sotte que je ne l'ai déjà été, à ces yeux rivés sur ma personne.

- Je...  Je suis Gwenaelle... Je suis mariée...

Ne puis-je m'empêcher de rajouter, en omettant volontairement de parler de mon récent veuvage, dû à cette maudite armée.

- Enchantée messire de la Ravardière..., et encore toutes mes excuses pour la méprise à vos intentions.

- Je suis de Sancerre, et je travaillais dans mes vignes en contrebas au moment où..., enfin vous comprenez.

Je ne sais que dire de plus, assez confuse encore de ma bourde. Et je préfère attendre que le plus jeune à son tour se présente.

a écrit:Le calva faisant son effet l'homme trouve enfin la parole et se présente. Firenze n'en croit pas ses oreilles. Un marin ! ici !
Puis la jeune femme se présente à son tour. C'est là qu'il se rend compte qu'il a été un peu vite en donnant la fiole à Daniel oubliant qu'il avait sur les genoux la jeune femme.

- Enchanté Madame Gwenaelle. Excusez-moi de vous avoir fait peur ce n'était pas mon intention.

Puisqu'elle avait dit être mariée, il n'allait pas faire une deuxième bévue en moins de cinq minutes et l'appeler mademoiselle...que penseraient ces deux là ??? Firenze salua l'homme d'un signe de tête puis se présenta à son tour.

- Bonjour, je m'appelle Firenze Falcone de Lilebonne, Secrétaire d'Etat à la guerre du Royaume. Je suis Normand d'adoption et je viens de Paris avec la masse de migrants, provisoirement installées aux portes de Bourges.Vous cherchiez l'autorité militaire et bien la voici qui vient à vous.

Firenze sourit, il portait en effet encore son uniforme des Gardes françaises.

- Excusez pour la duperie. Je me rendais à Sancerre voir le petit contingent de l'armée qui se trouve au campement.

Daniel a écrit:C'est la jeune femme qui prends la parole en première, et je peux enfin mettre un prénom sur son doux visage, aux traits fins et harmonieux.

Gwenaelle... il lui va bien, dégageant un je ne sais quoi de poétique, de gaélique...

Chose curieuse, elle s'annonce de suite comme unie à un homme, pour ensuite se confondre en excuses, expliquant à sa manière sa méprise et son agressivité toute relative.


- Je suis également très enchanté, dame Gwenaelle, de faire votre connaissance de manière plus civilisée, et accepte bien volontiers vos excuses.


D'un sourire je la gratifie, respectant son engagement envers son époux, qui doit-être le plus heureux des hommes.

Puis c'est l'officier qui se présente, et j'en tombe métaphoriquement du coup, sur mon postérieur.

C'est bien un militaire, mais pas n'importe lequel...

Le Secrétaire d’État à la Guerre en personne, messire Firenze Falcone de Lilebonne, l'un des pairs du Royaume.

Si je m'attendais à cela, la providence a croisé ma route, et le Très Haut à pourvu à ma requête, à sa manière bien évidement, m'évitant peut-être ainsi perte de temps inutile.

C'est malin..., maintenant je ne sais plus si je dois le saluer militairement ou bien lui faire révérence.

Cruel dilemme que celui là, me trouvant un peu gauche, je m'exécute pourtant et avant tout, pour un salut réglementaire. Car lorsque deux militaires se rencontrent, et peu importe les grades qu’ils revêtent respectivement, tous deux ont à cœur généralement de se faire souvenir l’un et l’autre, une obligation commune qu’ils ont envers le drapeau. Nous refaisons alors le vieux geste pascalien de serment prêté sous les couleurs du régiment, levant la main droite vers le ciel la paume bien ouverte, le pouce largement écarté du reste des doigts concentrés sur le majeur. D'ailleurs aux déserteurs et aux traîtres, n'en coupons-nous pas les trois doigts de la main droite, pouce, index et majeur afin de les déshonorer.

Ce geste est tout un symbole, et ne comporte aucune nuance de subordination à l’égard de celui que l’on rencontre. Entre officier et soldat, le salut est tout sauf une marque de soumission ou de servilité. C'est un honneur, un engagement..., un serment renouvelé.

Ce n'est qu'après, que j'esquisse une révérence, quelque peu dénuée de charme et de grâce vu ma tenue.

Tête nue, n'ayant plus de chapeau depuis un bon moment. Mais mon geste noble de ma dextre, mime avec perfection le mouvement ample, donnant presque l'illusion qu'il existe encore, et mes guenilles un peu trop usées à mon goût, font pâle figure en guise d'habits de cour.

Piètre personnage que je dois faire à ses yeux, ne me montrant pas sous mes meilleurs jours, mais qu'y puis-je ?


- Mes respects Votre excellence...!


Je suis surpris malgré tout, qu'il me parle d'un petit contingent de militaires au campement de Sancerre. Certes je ne m'y suis pas réfugié comme les autres, mais ce n'est pas pour autant que je ne l'ai survolé du regard, et ce faisant, je n'y ai point distingué de soldats...

Sont-ils d'ailleurs en uniforme ? Peut-être est-ce la raison de ne pas les avoir reconnu dans la foule amassée en ces lieux, organisés à la hâte face à la déferlante de réfugiés.


- Un contingent à Sancerre, me dites-vous ? Point vu Votre Excellence. Ils doivent être très discrets...


J'espère ne pas l'avoir choqué par mes paroles et surtout ma présentation un peu bâclée. Ne sachant pas où mes pas futurs vont me mener, et j'espère malgré tout qu'il me prenne sous sa coupe, pour me dicter mes ordres prochains, une affectation, un rattachement..., que sais-je ? L'avenir est aujourd'hui un peu incertain.

Je tourne alors machinalement mon regard sur la jeune femme, qui reste me semble t'il, médusée à l'annonce prestigieuse de Son Excellence Firenze...

Gwenaelle a écrit:Le plus jeune est beau gosse aussi, mais manquant de courtoisie à mon goût...

- Enchanté Madame Gwenaelle. Excusez-moi de vous avoir fait peur ce n’était pas mon intention.

Mais je dois revoir rapidement mon jugement hâtif, car il s'excuse de m'avoir effrayé. Un bon point pour lui.

- Bonjour, je m’appelle Firenze Falcone de Lilebonne, Secrétaire d’Etat à la guerre du Royaume. Je suis Normand d’adoption et je viens de Paris avec la masse de migrants, provisoirement installées aux portes de Bourges.Vous cherchiez l’autorité militaire et bien la voici qui vient à vous.

Manquait plus que ça... Et de deux !

Encore un militaire...

Je vois le sieur de la Ravardière à l'énoncé des titres de notre interlocuteur s'exécuter dans différentes positions, l'une en un salut très particulier, puis une sorte de courbette, qui me ferai rire en d'autres circonstances.

Dois-je l'imiter ?

- Excusez pour la duperie. Je me rendais à Sancerre voir le petit contingent de l’armée qui se trouve au campement.

Visiblement ce personnage à l'air d'être très important à ses yeux, sans quoi il ne ferai surement pas toutes ces singeries, à moins que cela ne soit les protocoles de bienséance à la cour...?!!

Je ne sais que penser, et dans ma confusion et grande ignorance, préfère esquisser une réplique d'un geste vu en un théâtre de rue, lorsqu'une servante se présentait devant son maître.

L'ai-je bien fait ? Ou me suis-je rendue complètement ridicule ?

- Mes respects Votre excellence...!

Je me mets ensuite en retrait, laissant les deux hommes converser. Ils ont visiblement des points communs et donc des choses à se dire...

- Un contingent à Sancerre, me dites-vous ? Point vu Votre Excellence. Ils doivent être très discrets...

Cela n'empêche pas mon gentilhomme de glisser son regard de braise de temps à autre vers moi, et m'en trouve toute chose..., mais très flattée.


On dirait que je ne le laisse pas indifférent... Non ??!!

Firenze est amusé du manège de Daniel. Il lui rend son salut militaire parce que c'est l'essence même du métier. Par contre il n'a vraiment plus trop l'habitude de tout ce protocole... les ronds de jambe et autres courbettes il s'en passerait bien si ça ne tenait qu'à lui...et quand en plus il pense qu'il a omis de dire qu'il était baron, il n'ose imaginer la scène. Que dire ? La jeune femme semble avoir un dent contre l'uniforme... Que faire ? Il se voir mal repartir comme si de rien n'était.

- Vous êtes bien loin de l'eau Capitaine si je puis me permettre.

Firenze cherche dans sa mémoire si il a déjà eut affaire au nom de cet homme dans un quelconque rapport, mais non. Son incorporation doit dater d'avant son engagement, c'est plus que certain même, et vu tout les déménagements subis au cours du temps de l’état major il se peut très bien qu'une partie des registres soit perdu à jamais.

- L'armée n'est pas là pour faire la guerre, et puis les régiments Normands, Picards, Parisiens sont tout autant des exilés que la population. Par ailleurs vu que quelques patelins ne voulaient pas nous accueillir, nous avons du employer un peu la manière forte. Alors les hommes à Sancerre ne sont bel et bien là, mais en toute discrétion. Ils ont aussi des familles à ré-installer donc autant que cela se passe pour le mieux.

Pendant ce temps-là dans les broussailles environnantes cinq mauvais larrons attendaient leur heure patiemment. C'est que l'exil forcé du à la maladie n'avait pas amené que des gens avec de bonnes intentions en Berry. Certains y voyaient là l'occasion de se faire de l'argent sur  de pauvres et fatigués migrants. C'étaient le cas de cette bande là. Ils avaient failli renoncé en voyant apparaître les cinq soldats sur leur monture mais quand celui qui semblait être leur chef les fit partir loin devant, ils se dirent qu'ils avaient encore leur chance. Trop confiant dans leur entreprise crapuleuse ils en négligeaient les précautions élémentaires en matière de discrétion...ils avaient en tout et pour tout une seule arme à feu et leurs épées de piètres qualité.

- Mais trêve de bavardage nous avons de la compagnie.

Firenze aurait bien aimé prolonger la discussion avec Daniel, voyait en lui un aîné et donc quelqu'un qui pouvait lui apprendre des choses, mais l'agitation des buissons alentour n'augurait rien de bon. Cela ne ressemblait pas du tout au passage d'un animal. Sa main glissa vers l'étui du pistolet qu'il avait à la ceinture, il n'aimait pas l'arme, mais c'était efficace pour mettre un ennemi hors d'état de nuire rapidement. Et surtout une fois le coup lâché, elle ne lui était plus d'aucune utilité. Sur son cheval il avait un fusil mais il s'en était un peu éloigné pour le prendre. Peut-être que Daniel ou Gwenaëlle pourrait...Cinq hommes vêtues de tenus poussiéreuses et douteuses sortent des fourrés à l'abordage après un coup de feu, ils espéraient sans doute faire fuir la monture qui manque de chance est habituée à ce genre de bruit. Firenze doit tirer aussi avant qu'ils ne soient trop près de lui. Il fait mouche, balance l'objet en direction de gwen avec la poche de poudre, et dégaine sa rapière.

- Mademoiselle charger et tirer si besoin

Daniel a écrit:Le sourire qu'il affiche me rassure. J'ai l'impression qu'il n'est pas trop à cheval sur le protocole du à son rang, me rendant surtout mon salut militaire.
A moins qu'il ne me trouve trop gauche dans ma réalisation improvisée de ces courbettes hors de mes habitudes.

Cela dit, il me botte bien le Secrétaire d’État à la Guerre, jeune mais son regard me convainc d'une longue expérience dans son métier. Il a du gravir les échelons à la force du poignée, et du fil de son épée.
Sa remarque me fait sourire à mon tour, et lui répond.

- Certes ! Je ne le vous fais pas dire Votre Excellence, surtout celle bien salée de l'océan...

Comme quoi mener sa barque a du bon, mais vous amène forcément à débarquer un jour ou l'autre, pour rejoindre la terre ferme.


J'en apprends un peu plus sur ce soit disant contingent, et son explication est des plus claires sur leur réelle discrétion.


- Je comprends mieux, et approuve cette sage décision.


J'ai à peine fini ma phrase qu'il enchaîne aussitôt m'alertant. J'ai bien entendu un léger bruit mais je croyais que c'était ses hommes...
Combien sont-ils ? Je n'en ai encore aucune idée, n'en voyant que trois devant nous.

Puis brusquement une détonation...

L'un des malandrins vient de tirer, une fumée opaque lui nappant le visage. Je pointe mes yeux vers Dame Gwenaelle, puis reviens sur messire Firenze, cherchant à savoir si l'un des deux à été touché, mais apparemment non.

Il ne m'en faut pas plus pour sortir ma rapière de ma dextre, et son inséparable main gauche de l'autre. Mes deux mains armées, je me place devant Dame Gwenaelle, légèrement sur sa droite pour la couvrir, tandis que notre officier l'est en devant à sa gauche.

Il n'a pas perdu de temps d'ailleurs, dégainant son pistolet promptement, et faisant feu à son tour. Un des brigands s'écroule, visiblement atteint de plein fouet, son compte est bon.

Firenze se débarrasse vite fait de son arme à feu, la jetant munie de sa poche à poudre, en direction de notre Dame, et sort sa rapière à son tour.Chacun son homme donc, vu qu'il en reste deux nous faisant face.
Je sens que l'on va bien s'amuser...


- Joli tir Votre Excellence ! Vous venez de prendre de l'avance, j'espère au moins que vous m'en laisserez un...


Je vais pour m'avancer vers mon adversaire tout désigné, lorsque j'entends un cri aigu, venant de derrière nous. Je réalise soudain. *Dame Gwenaelle* ???!!

A fanfaronner et blaguer, je n'ai pas pris garde qu'ils sont en fait plus nombreux.
Deux autres sont sortis de derrière nous, et se dirigent vers notre dame, d'où son cri de frayeur les voyant rappliquer je suppose. Ou alors..., l'un des deux est doté d'une voix très particulière, et vient de se piquer sur des ronces.
Une volte-face s'impose et je l'exécute prestement pour me ruer sur ces deux bougres...

Gwenaelle a écrit:Je les écoute dans mon coin n'osant les déranger, et apprends donc que des militaires sont bien à Sancerre, mais en civil.
Pourquoi pas, après tout si c'est pour la sécurité de tous...

J'ai soudain le sentiment étrange de n'être à ma place en leur compagnie, et qu'il me faut m'éclipser.

Mais d'un coup tout bascule.

- Mais trêve de bavardage nous avons de la compagnie.

Qu'est-ce qu'il se passe encore ?

BANG !

Je sursaute, surprise et apeurée de ce bruit tonitruant et sec venant de claquer. Mes oreilles bourdonnent, et me les bouche instinctivement à l'aide de mes mains, laissant du coup tomber ma serpette et la fiole d'alcool de l'officier.

Un nuage de fumée sort des buissons en face, suivie de près par la silhouette sombre d'un homme, puis un autre et un troisième.

Tout se déroule si vite ensuite.

Mon gentilhomme de Daniel sort son épée, et une dague, puis se flanque devant moi.

Messire Firenze sort lui aussi une arme et tire. Nouveau sursaut, de ma part, mais moindre, le bruit ayant été atténué pour mes oreilles...

Encore de la fumée, mais cette fois-ci près de nous, flottant telle un spectre, jusqu'à me parvenir sous le nez.
L'odeur en est âcre et me brule les narines, ainsi que la gorge en la respirant malgré moi. Ca me pique les yeux même...

Je me sens mal et voudrai m'enfuir. Mais où ? Je ferai mieux de rester planquée derrière ces deux soldats qui sont à même de me protéger.

L'officier jette son arme vers moi et me cri quelque chose on dirait... J'entends rien, mais m'abaisse pour la ramasser, ainsi qu'une petite sacoche... Qu'est ce donc ?

Qu'est ce qu'il veut que j'en fasse...? J'y connais rien moi à tout ça. Comment ça marche d'ailleurs...?

Je m'agenouille et cherche... Ma main fouille le sol, tâtonnant pour essayer de la trouver, ayant machinalement fermé à demi les paupières pour me protéger de la fumée qui m'indispose encore.

- Aaaahhh !

Je me mets à crier...

Sacrebleu ! Je viens de me bruler la main en chopant l'arme par le canon. C'est chaud ce truc...

Quelle sotte je fais ! Je la relâche donc instinctivement, et relève la tête dans une supplique, espérant une aide providentielle à mon désarroi.
C'est alors que je vois soudain Daniel fonçant vers moi l'arme levée prêt à frapper... !!???

Daniel a écrit:Tout se passe très vite alors...

L'un d'eux est prêt à l'embrocher, sans que cette douce créature n'en ai conscience.

Dame Gwenaelle... Attention !!!

J'arrive in extremis pour la pousser sur le coté, et parer l'attaque de l'assaillant, poursuivant et allongeant mon mouvement pour une fente en pleine gorge.
Il tombe et n'est pas prêt de se relever...

Mais il m'aurait fallu un tempo supplémentaire pour éviter le second qui m'assaille, me retrouvant à étroite mesure de la pointe de son arme.
Et ce qui risque d'arriver dans une telle situation précipitée mais nécessaire pour la survie de la dame, lorsque l'on est trop près et face à deux adversaires, et bien arrive...

Pas le temps de feinter, ou de faire une écartée, ni d'utiliser ma dague, bien trop éloignée en arrière de mon corps dans mon mouvement, que sa lame me transperce le bras gauche.
La douleur est telle que j'en lâche instinctivement ma main gauche.

Il me faut me ressaisir et me replacer, en me conformant dans la position de ma garde, de manière à tenir mon adversaire à distance, et à le frapper s'il s'approche.
C'est à ses risques et périls...

Ma seule précaution nécessaire va consister donc à tenir mon épée droite en avant et à couvrir le faible de l'épée de l'assaillant, de manière à la maîtriser dans sa prochaine attaque, mais sans la toucher à la manière de Capoferro, avant le moment opportun de porter ma botte, en dehors ou en dedans, selon l'occasion qui va se présenter.

[Une garde est une position qui tend le bras et l'épée en ligne droite vers le milieu des endroits que l'on peut attaquer chez l'ennemi...].

a écrit:Lui en laisser un ? Il en avait de bonne le Daniel...comme si il avait le pouvoir de prédire lesquels de ses adversaires tomberaient par le fil de son épée. Un haussement d'épaule avant que Firenze ne lui réponde :

- Tachons de nous en sortir vivant, le reste m'importe peu.

Firenze se débarrasse de son manteau qu'il laisse tomber lourdement sur la terre afin d'être libre dans ses mouvements. Et bien que ses adversaires du jour ne payent pas de mine, il ne jette pas à la légère dans le combat. En général parmi les brigands il y en a toujours une bonne part qui a reçu une formation aux armes.

Face à lui se trouvait deux hommes, et en entendant le fracas des armes derrière lui Firenze comprit que d'autres étaient derrière. Combien il ne savait pas car ses deux adversaires l'attaquaient ensemble requérant toute son attention et sa vigilance. Dans les premières secondes du combat il se contenta de défendre jaugeant ses adversaires.

Firenze était pour ainsi dire aux anges, cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas eu à se servir de son épée en situation réelle, et puis derrière un bureau il n'avait guère l'occasion de le faire, même si de temps à autre il se rendait auprès des soldats pour les évaluer ou leur donner des conseils rien ne valait un bon combat.

Tel un danseur exécutant une chorégraphie, il virevoltait, tantôt esquivant, tantôt parant les assauts ce qui avait le don d'agacer ses adversaires qui changèrent de tactique l'attaquant maintenant à tour de rôle sans ménager leur force. L'un des deux maniait son arme comme une hache essayant d'atteindre Firenze en faisant de grand geste du haut vers le bas. Firenze para, levant son bras pour mettre sa lame en opposition, il ressentit l'onde choc remonté jusqu'à son épaule droite lui arrachant une grimace. Il avait été souvent blessé à cette épaule. Ne se laissant pas démonter il poignarda l'homme dans la foulée sans lui laisser le temps d'un autre coup et surtout avant que son compère ne passe à l'attaque.

Plus qu'un ! Le plus coriace des deux. Firenze sentait que l'homme l'avait observé tout comme lui l'avait fait au début du combat. Il devait donc changer sa façon de faire. Cela impliquait de prendre un peu plus de risque mais il avait à sa disposition un certains nombres de technique qu'il n'utilisait que très rarement, notamment celles qui figuraient dans le carnet de son père et qui n'étaient pas des méthodes communes. Il entendit Gwen crier, puis Daniel. Comme son combat l'avait amener à se décaler légèrement par rapport à l'axe de la route, il distinguait à présent l'autre côté de la bataille.

- Tenez bon j'arrive.

L'homme cru pouvoir en profiter mais hélas sa lame ne trouva que du tissu, surpris, il ne vit pas arriver le coup de poing asséner avec le pommeau ce qui l'étourdi un instant. Firenze en profita pour lancer sa dague en direction de l'assaillant de Daniel. Il prenait un risque vu la distance mais il voyait bien que Daniel avait un peu le dessous. Il ne réussit qu'à le blesser à l'épaule.

- Gwen ! Balancer lui des cailloux, n'importe quoi qui puisse aider Daniel !

Firenze s'occupa à nouveau de son adversaire.

Gwenaelle a écrit:Pour le coup je panique, et me demande ce qu'il lui prend. J'ai peur et ferme les yeux résignée à ce qu'il va se passer.

Dame Gwenaelle... Attention !!!

Heinn!!??? Du coup je rouvre mes mirettes, et vois à ce moment précis sa lame me passer au raz du visage, frôlant mon oreille gauche à une vitesse folle, sa main puis son bras suivant la trajectoire, tandis que son épaule gauche vient me heurter et me projette violemment sur le coté droit. La poussée est si forte, que je fais une embardée magistrale suivie d'un roulé boulé qui me semble ne vouloir se terminer.

Si ça y est, j'ai fini ma course et relève la tête, et ce que je vois me foudroie d'horreur...

Daniel, mon si doux gentilhomme, vient de transpercer la gorge d'un manant de sa lame, qui se trouvait surement derrière moi, la pointe dépassant maintenant de l'arrière de son crâne.
Le pire étant au moment ou il l'a retire, et que le sang se met à gicler, à grands flots. Mes mains se porte à mon visage, se plaquant sur ma bouche pour m'éviter de crier, me masquant en partie la vue.
Mais c'est plus fort que moi, j'aimerai m'occulter cette vision, et en même temps elle me paralyse, mais aussi j'ai l'impression me fascine.
Honte à moi... Puis une ombre se rue du même coup sur Daniel, j'aimerai alors crier à ce moment, hurler de toutes mes forces pour le prévenir, mais j'assiste impuissante à son assaut, aucun cri ne sort en moi devenue complètement aphone. L'homme est sur lui et c'est déjà trop tard. Il est touché !!!

Oh non, Tout Puissant pas ça !!! J'ai un mouvement de recul, et détourne instinctivement la tête dans un réflexe, ne voulant contempler sa perte et le voir mordre la poussière.
Mais rien de tout cela n'arrive, mon ouïe me révélant seulement qu'un objet métallique vient de tomber au sol. Doucement alors je me retourne, relève les yeux pour constater ce qu'il en est.
Il est en vie !!!  Mais... Mais il est blessé au bras, le sang marquant l'endroit précis. Il est vaillant et se replace devant le bandit, prêt de nouveau à l'affronter.
Un peu plus loin le fer se croise, ce doit être messire Firenze...

- Tenez bon j’arrive.

De l'aide... On va avoir de l'aide...
Un sifflement, et une dague surgissant de je ne sais où, vient se planter dans l'épaule de la brute qui assaille Daniel. Il se met à grogner, mais sa rage a l'air décuplée.

- Gwen ! Balancer lui des cailloux, n’importe quoi qui puisse aider Daniel !

La voix de Firenze... Il en a de bonnes lui, j'ai beau regarder je ne trouve rien à lui jeter dessus à par moi, mais c'est un coup à m'en prendre un encore...
*Vite, vite, dépêche toi* me dis-je, tournoyant sur moi-même, scrutant le sol avec la plus grande minutie possible dans mon mouvement rapide, pour y trouver le moindre objet, capable de lui être balancer dessus pour le déstabiliser.
Puis soudain c'est la jubilation, je viens de retrouvé le pistolet, qui fume encore. Sans cette fumée sortant de sa bouche à feu je ne l'aurai vu, dans ma précipitation, et mon affolement. je m'en empare donc, et ce coup-ci du bon coté, puis me dirige rapidement vers Daniel et son adversaire avec qui il est en prise, pour lui prêter main forte...